L’Opinion – De la promotion immobilière à l’investissement dans les fintech; Groupe Duval, une pépite familiale ouverte à tous les défis

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Success story

Vingt ans d’existence, 2 500 collaborateurs et plus de 700millions d’euros de chiffre d’affaires. Champion français de la gestion des centres commerciaux low cost, le groupe familial présidé par Eric Duval est en train de bâtir un empire dans le secteur immobilier et touristique à partir de valeurs simples : «exigence, agilité, créativité».

Impossible de résumer d’un mot le Groupe Duval. Pas assez grand pour être qualifié de conglomérat, mais trop puissant sur certains marchés pour qu’on puisse n’y voir qu’un simple groupement de PME chapeauté par une holding financière.

Le groupe Duval, c’est d’abord et avant tout une entreprise familiale, lancée en 1994 par Eric Duval, un entrepreneur breton qui a appris le métier de l’immobilier auprès de son père. Logiquement, le trentenaire débute dans la promotion, commercialisant aussi bien des bureaux que des logements ou des commerces dans toute la France.

Mais, Eric Duval affiche d’entrée de jeu deux convictions fortes. D’abord, faire de son entreprise un promoteur privé 100 % intégré, ce qui permet de maîtriser les coûts et la qualité du produit ; ensuite, rester autant que possible propriétaire de ses actifs. De fait, le groupe possède aujourd’hui en propre environ 1 million de mètres carrés, ce qui lui offre une assise financière solide aux yeux des banques pour se lancer dans de nouvelles activités. Et elles sont nombreuses !

Routes parallèles. Dans l’immobilier d’abord, Eric Duval comprend très vite que pour percer dans le monde ultra-compétitif de la promotion, il faut emprunter des routes parallèles. « Plutôt que de concentrer tous nos moyens sur le logement je me suis diversifié sur l’immobilier commercial et les grands centres de périphérie », explique-t-il. Son groupe s’impose rapidement comme la première foncière spécialiste des centres commerciaux « low cost », que l’on trouve autour des petites communes rurales. Il en possède aujourd’hui 61, représentant plus de 394 000 mètres carrés et espère atteindre, à terme, une valorisation proche du milliard d’euros. Le principe consiste à proposer aux enseignes des loyers et des charges particulièrement faibles. « Le loyer tourne en moyenne à 100 euros par an par mètres carrés dans nos centres, contre 300 à 800 euros dans un centre commercial classique », précise le quinquagénaire.

Autre route parallèle, empruntée récemment : la gestion pour compte de tiers. Duval s’est lancé avec KKR et le groupe Caisse d’Epargne, notamment, sur des thématiques immobilières. Objectif ? Gérer dans cinq ans 1,7 milliard d’euros pour des tiers.

Developpement de l’exploitation. Mais ce ne sont plus de ces activités-là dont « le patron » parle avec le plus d’enthousiasme. La route du Groupe Duval a pris un tournant particulier le jour où il a décidé de mettre un pied dans l’exploitation. Une stratégie marquée par le rachat, en 2001, d’Odalys, le numéro deux européen de l’hébergement touristique, qui gère aujourd’hui 377 sites accueillant près de 2,3 millions de touristes chaque année.

Le business est compliqué car il évolue au gré des crises conjoncturelles et subit l’impact des attentats. Mais Duval tient bon et décide même de se diversifier en Chine, après avoir fait entrer le groupe familial chinois Hywin dans son capital.

De fil en aiguille cette activité d’exploitation hôtelière le conduit à se lancer dans l’exploitation de golfs. D’abord en rachetant – un peu par hasard reconnaît ce patron qui ne pratique pas ce sport – une entreprise en difficulté qui gérait 13 golfs. Puis en ayant l’intuition qu’un monde nouveau s’ouvrait à lui : « Aucun opérateur ne détenait plus de 3 % à 4 % du marché français, nous avons eu l’idée de nous imposer comme consolidateur », explique-t-il. Sous la marque UGolf, il est aujourd’hui numéro un français avec 53 golfs en gestion, et est à l’origine de la création du réseau Le Club qui offre un accès à 700 parcours dans le monde entier ! Le Groupe a même créé une filiale au Brésil pour gérer les golfs du Club Med et d’Accor. Au total, cette activité pèse 10 % de son chiffre d’affaires aujourd’hui.

Entre-temps, Eric Duval a assez logiquement fait un large détour vers le marché des seniors. Sorti l’an dernier de la gestion des Ephad – « ces établissements sont financés à 30 % par les dotations du conseil général, ce qui les rend fragiles à l’heure où les départements n’ont plus d’argent » – Eric Duval lance ce mois-ci une résidence « happy senior » dont l’une des caractéristiques est d’être basée en centre-ville pour permettre aux « anciens » de conserver une vie sociale et de rester connectés.

Stratégie africaine. Toutes ces cordes ne suffisant pas, le groupe en a rajouté deux autres à son arc ! « Nos clients nous demandent de les suivre dans la grande distribution à l’international, raconte son fondateur. Nous avons donc décidé de faire de l’Afrique un axe de développement stratégique en y construisant des centres commerciaux ou en réalisant des PPP, notamment dans le milieu hospitalier ».

Au hasard d’une rencontre, Duval est aussi devenu… le premier importateur de galettes de riz en France ! « Il n’y avait pas d’usine de transformation de riz au Cambodge, nous avons investi et sommes devenus trader de riz à Singapour, Pnom Penh et Paris », sourit-il simplement. Autre axe de développement – sans aucun lien avec le précédent – le groupe a récemment créé une holding dans les nouvelles technologies, « Duval Fintech », gérée par Pauline Duval, la fille d’Eric Duval par ailleurs directrice générale du groupe. « Nous avons investi dans Lydia, application de paiement mobile qui compte aujourd’hui 800 000 utilisateurs, explique-t-elle. Nous détiendrons une dizaine de lignes d’ici la fin de l’année. Le but est d’être présent à chaque fois au conseil de nos participations pour les aider à avancer et les accompagner sur le long terme. Cela permet d’entretenir notre agilité et notre créativité ».

Agilité et créativité sont finalement les maîtres mots de ce groupe méconnu qui marche à l’affectif et à l’intuition, mais toujours avec prudence. « Notre plus grosse entreprise réalise 250 millions d’euros de chiffre d’affaires et les principaux managers de nos divisions sont actionnaires de leur société, détaille Eric Duval. Cela nous permet d’impliquer les cadres dirigeants et d’avoir des entreprises bien gérées, sans conflit social ». La méthode Duval ? « C’est la sensibilité qui nous guide, doublée d’une grande rigueur de gestion. Notre credo : exigence, agilité, créativité », répondent en chœur le père et la fille.

Eric Duval et sa fille pauline, à la tête d’un conglomérat méconnu.

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