Nice Matin : Le nouvel exploitant du golf de Valescure à Saint-Raphaël affiche ses ambitions

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C’est à la réception du très chic hôtel Najeti, mitoyen du fairway de Valescure, que nous avons rencontré Pierre-André Uhlen.

Directeur général de la société Ugolf/Bluegreen, il sera à partir du 1 er janvier 2024 l’opérateur en charge des swings et autres putts du golf, jusqu’alors géré par une association sportive.

Le dirigeant a évoqué ses projets, concernant le golf de Valescure. Et n’a éludé aucune des questions posées au sujet du passif de Bluegreen, en charge de la gestion du golf de l’Estérel jusqu’en 2022.

Quelle est votre vision future pour le golf de Valescure?

Valescure, c’est une histoire. C’est le cinquième plus vieux golf de France et le plus vieux de la région, puisque créé en 1895. Notre projet, en concertation avec le propriétaire et exploitant de l’hôtel [Comme l’hôtel Najeti, le golf de Valescure est la propriété du groupe Durand. François Ohlmann, directeur général de l’établissement hôtelier, était d’ailleurs présent lors de l’interview], c’est d’écrire une nouvelle page de cette histoire. Pour cela, nous voulons nous appuyer sur ce que l’association a construit pendant toutes ces années. Nous n’allons pas tout révolutionner. Ce que l’on souhaite, c’est préserver le confort de jeu dans un niveau de qualité qui sera au minimum le même qu’aujourd’hui. Mais aussi développer le rayonnement de l’ensemble golf et l’hôtel, en France et à l’international, en nous appuyant sur notre réseau de golfs et de partenaires [Ugolf/Bluegreen, le pôle golf du groupe Duval, compte cent golfs en France soit, au total, cent vingt dans le monde. Il bénéficie également d’un réseau de partenaires appelé Le Club golf, un réseau d’environ mille golfs disséminés dans le monde, dont 250 sont en France]. On veut, ainsi, contribuer au développement de l’attractivité du territoire en matière de tourisme.

Qu’allez-vous proposer aux salariés de l’association sportive?

Ils seront tous repris. Après, nous allons découvrir les envies de chacun. Peut-être que certains ne voudront pas se projeter avec nous. Mais au 1 er janvier, nous leur dirons que c’est le cas de notre côté. On a l’habitude de cela. Nous sommes passés de l’exploitation d’une vingtaine de golfs en 2010 à cent vingt aujourd’hui. Et on a cette habitude d’embarquer les gens dans nos projets. L’avantage d’entrer dans une société comme la nôtre, ce sont les opportunités. On pense notamment à l’international. Pour ce qui est de mon cas personnel, j’ai commencé en tant que stagiaire dans l’entreprise. J’ai croisé des gens qui m’ont fait confiance. Je suis redevable et donc attentif à ce qu’il soit proposé à chaque collaborateur un projet d’évolution.

Qu’en sera-t-il de la grille tarifaire?

Nous avons récemment convié l’ensemble des membres du club pour une réunion d’information. Tous n’ont pas répondu présent mais environ deux cent cinquante d’entre eux sont venus. Nous conservons toute la grille de tarification qui était en place. Avec ce que l’on appelle « la clause du grand-père ». C’est-à-dire qu’historiquement, pour être membre, on payait un droit d’entrée. Puis on payait sa cotisation annuelle. Ces membres historiques, comme ils ont payé un droit d’entrée, on va leur octroyer un avantage tarifaire. Et donc, mis à part une très légère augmentation d’environ 3%, on préserve le niveau de tarification pour tous ces membres historiques. Ces derniers auront accès à l’ensemble du réseau Uglof/Bluegreen, sans majoration. Soit, des avantages supplémentaires qu’ils n’avaient pas avant. Il y aura en revanche une nouvelle tarification pour les nouveaux membres.

L’Estérel « n’est pas à l’abandon »

D’après Frédéric Masquelier, la réfection du golf de l’Estérel va coûter 5, 3 millions d’euros hors taxe, dont une partie est due par Bluegreen, exploitant jusqu’en 2022 (le contrat initial, prévu jusqu’en 2020, avait été prolongé). Quel est votre sentiment?

C’est important de rappeler, dans la chronologie, que l’on rachète Bluegreen en juillet 2022. On hérite d’une situation.

Quand on rachète une entreprise, ne rachète-t-on pas aussi son passif?

C’est effectivement le cas. Sans entrer dans les détails, le maire estime qu’il y a eu des manquements de la part de Bluegreen. Ça se défend. Il y aura des discussions sur ce point-là et on verra si nous parvenons à un accord. Nous estimons que ce golf répond au contrat que l’on avait. J’ai lu des termes tels que « golf à l’abandon »… un golf qui a 500 membres et fait plus de 2 millions d’euros de chiffre d’affaires, qui est au même niveau que celui de Valescure, je me dis qu’il n’est pas à l’abandon. Nous avons un outil de suivi de la qualité et le niveau de la qualité est très bon à l’Estérel. Et si l’on regarde les avis Google, les deux golfs sont très proches l’un de l’autre en termes de perception des joueurs sur la qualité attendue.

Vous comprenez les critiques?

Nous ne contestons pas le fait qu’il y a des travaux à faire, comme sur toute infrastructure. Dans la chronologie, le bail de Bluegreen arrivait à échéance fin 2020. Nous n’étions pas encore en place. Le contrat a finalement été prolongé de deux ans, période pendant laquelle nous sommes arrivés. Nous faisons avec cet héritage. Nous avons aussi réalisé des améliorations entre-temps. Le maire estime que Bluegreen n’a pas été à la hauteur, c’est son avis. Après, il y a un bail qui, dans sa description, dit que l’on doit remettre un équipement en bon état [Il répète cette phrase, mot pour mot, avec fermeté].

Comprenez-vous les craintes suscitées à Valescure?

Nous avons suffisamment de références pour dire à nos joueurs : regardez notre savoir-faire. Nous avons déjà repris plusieurs associations sportives, comme le golf du Stade Français à Paris, que l’on exploite depuis une douzaine d’années. Nous n’avons pas à pâlir de ce qui a été fait. Et nous avons un parcours qui s’est amélioré en termes de qualité. Or, on sera attentif à la qualité du parcours de Valescure.

Surprise et regret

Sur la décision de la Ville d’exploiter l’Estérel en régie : « Nous avons répondu à l’appel d’offres, lancé en début d’été, en respectant le cahier des charges précis attendu par la mairie. On se projetait dans ce nouveau contrat, dont la délégation de service est, je crois, de 15 ans. Nous y sommes habitués et y avons donc répondu conformément au cahier des charges, qu’il s’agisse des moyens techniques, humains ou du développement du territoire. Nous avons été surpris par la décision du maire de passer en régie. Nous nous projetions en tant que partenaire, ne serait-ce que de par nos références. On a été surpris et nous regrettons cette décision.  »

Pierre-André Uhlen, directeur général de Ugolf et Bluegreen, est ambitieux pour le golf de Valescure et défend la gestion passée du fairway de l’Estérel.

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Erwan Botquelen
By Erwan Botquelen