Sud-Ouest (Charente), le 13 février 2015
Le premier retail park de la future ZAC des Montagnes devrait ouvrir avec 10 enseignes début 2016
Opération de communication menée hier tambour battant par Territoires Charente et ses partenaires, au pied des deux totems vidéos géants implantés à l’entrée de la future zone d’aménagement concerté (ZAC) des Montagnes ouest. L’automobiliste curieux peut y voire annoncée l’ouverture de 10 magasins (dits poétiquement ” cellules “) et toutes les nouvelles que voudront bien partager ses promoteurs.
La société anonyme d’économie mixte locale est donc passée à l’offensive. Pour annoncer d’une part le lancement de son nouveau site Internet (1), destiné à tous les internautes, riverains, particuliers, entreprises, élus, et enfin, pour donner des nouvelles du vaste chantier imaginé sur 35 hectares, à Champniers, entre les deux axes majeurs du département que sont la RN 10 et la 141. Et rappelons-le, partagé en trois parties : un pôle service, artisanat et industrie, des commerces et du loisir.
Première pierre fin mars6
D’après son promoteur, le premier retail park (ensemble commercial homogène avec parking et architecture) de ladite ZAC, déployée sur 60 000 m2 dont 225 000 m2 de bâtiments et 900 places de parkings, ouvrira au public en mars-avril 2016, financés par des fonds privés uniquement (30 millions d’euros). En revanche, Territoires Charente, société anonyme d’économie mixte locale est une société de droit privé au sein de laquelle les collectivités locales sont majoritaires (2).
” La première pierre sera posée fin mars. Il faudra compter ensuite huit mois pour que soit livrée la coque (les bâtiments vides) “, explique Éric Derro, directeur de CFA Atlantique (groupe Financière Duval présidé par l’entrepreneur Eric Duval), le promoteur privé, maître d’ouvrage du chantier. Sur les 10 enseignes attendues, il ne reste à ce jour que deux cellules vides. Et seul But, actuellement implanté à Puymoyen, a accepté de dévoiler sa présence, les autres marques préférant la discrétion. Le promoteur assure que quatre d’entre elles sont des enseignes, qui ne sont pas implantées à ce jour sur le Grand Angoulême.
Ces enseignes, bien entendu, ne seront pas seules. Il suffit d’aller voir une des nombreuses vidéos postées sur le site de Territoires Charente (1) pour s’offrir une visite guidée à travers images de synthèses et photos réelles. On y aperçoit, à l’entrée de la zone, les bureaux (4 700 m2 ), dont les espaces seront commercialisés dans les semaines à venir (entre 130 € et 150 € le mètre carré), quelques restaurants dont Courte Paille et Subway, le concessionnaire BMW (8 000 m2 ) et enfin et surtout le cinéma CGR, dont l’implantation vient juste d’être validée in extremis en commission départementale d’aménagement (CDAC) et fait l’objet de vives critiques. À voir le nombre de vidéos où l’enseigne apparaît, on ne doute pas que sa présence constitue l’épine dorsale du projet. Qu’adviendrait-il alors en cas de recours des opposants contre ce projet ? Bernard Alloir, directeur de Territoires Charentes, se crispe à l’énoncé de la question. ” Je rappelle que tous les habitants de ce département n’ont pas envie d’aller sur le plateau. Qu’il s’agit d’une opération en fonds propres du groupe CGR (10 millions d’euros), qui n’a pas l’habitude de mettre l’argent à la poubelle, et que ce groupe a apporté au maire d’Angoulême la garantie de maintenir son cinéma en ville, avec 800 000 euros de travaux. “
En cas de recours contre le CGR
Et donc en cas de recours des opposants ? ” On aura alors l’obligation de passer en CNAC, on se prendra encore huit mois. Du temps perdu, avec une image déplorable pour Angoulême. ” Bernard Alloir allume au passage les élus ” qui empêchent l’emploi, l’investissement privé et estiment avoir un point de vue sur tout “. Des propos qui font bondir Xavier Bonnefont, maire d’Angoulême, hier à Bordeaux : ” Pour moi, Territoires Charente n’est plus un outil au service des collectivités et du territoire. Lors du dernier conseil d’administration, en décembre, j’ai exprimé la volonté de la Ville d’Angoulême de se retirer du capital (4,51 %). Un courrier a été envoyé début janvier. Je m’étonne quand même d’avoir été le seul à réagir quand les représentants de l’Agglo ou du Conseil général n’ont pas dit un mot devant cette fuite en avant “, ajoute le maire.
Reste qu’avec ou sans CGR, les promoteurs assurent qu’ils avanceront. ” Les marques signent sans la garantie du CGR “, précisent-ils, en mettant en avant l’emploi qui sera généré par ce premier retail, évalué ” à trois emplois par tranche de 150 000 euros investis, soit près de 120 emplois au total. ” HÉLÈNE RIETSCH
